Œil d’artiste – Saison 01, Épisode 01
Un fan-art par Nick Skochev, un artiste Russe.
Observez comment le dégradé sur l’épée se fond avec celui du tunnel. Pour mieux voir l’épée un autre choix aurait pu être pris, celui du contraste, en peignant clair l’épée lorsque le tunnel est foncé, et de l’obscurcir là où le tunnel est clair. Mais ici, “effacer” l’épée permet de ne pas gêner le regard. Elle est suggérée sans être vue. Cela porte l’intention de l’image : l’avancée des tortues !
Et sur les autres armes des tortues ? Que voyez-vous ?
La bataille d’Iéna du peintre Émile Vernet (1789 – 1863)
Observez la diagonale du soldat à droite, comme elle contraste avec le mur formé par le régiment. Elle nous attire irrémédiablement l’œil et reflète l’intérêt du soldat vers Napoléon Ier.
Diagonales des chevaux, assise verticale de Napoléon… Et pour finir, diagonale du cadre en résonance avec le regard de Napoléon sur ses troupes.
La diagonale comme élément de dynamisme !
Un design pour Coraline, par Tadahiro Uesugi.
Observez l’ingéniosité dans les contrastes colorés avec les gradins bleutés (à la fois pour l’avant plan comme l’arrière plan… !) ; et la scène lumineuse en jaune et blanc. Le violet sur Coraline ramène par l’ajout de rouge dans le bleu, une chaleur, une activité attirant l’œil sur ce personnage.
Elle même a toute son attention vers la scène, sur la fanfare de souris. Silence dans les gradins, activité sur la scène. Clair-obscur, Chaud-froid.
« L’adoration des Bergers » par George de La Tour (1593-1652).
Observez la lumière sur les mains des personnages. À gauche de l’image, le tranchant de la main en prière est éclairée car tournée vers la flamme, tandis que le dos de la main est à l’ombre. Le styloïde du poignet est lui éclairé car sa forme est plus arrondie donc ses facettes plus longtemps éclairées que la main, qui avec sa forme cubique amène un changement abrupte de direction, donc d’orientation à la lumière. Ainsi éclairé, le poignet nous parait bien devant la main, contribuant à la sensation de perspective.
Tout cela vous démontre l’importance de maîtriser les volumes, avant de construire votre lumière.
Illustration de l’artiste chinois Zhong Fenghua
Un maître quant à l’illusion de taille de ses personnes. Observez un exemple didactique : Une vue en contre-plongée, des jambes presque agrandies. Grand cercle sur les genoux, petits cercles sur le biceps à droite.
L’illusion de perspective est renforcée par ces détails. Le haut du corps est plus sobre en comparaison du bas.
Cachez avec votre main les nombreux éléments de la tenue, l’impression de grandeur disparaitra en grande partie. C’est magique !
Little Nemo in Slumberland de Winsor Mc Cay (1869-1934).
Observez les rappels de couleur entre les personnages et les éléments de l’image. La toge du vieux monsieur se retrouve dans le drap du lit. La couleur verte de la terre deviendra le fond de la dernière case. La tenue de Nemo : le sommier et la tête de lit. Ces rappels permettent de clarifier une image. Ici pour le bien d’une narration séquentielle (bd).
On notera aussi, l’intensification de la couleur de fond de la case, passant du marron au jaune, permettant d’emphaser la gravité de la situation, où la chute arrive…
PS : Seul Winsor Mc Cay est capable de finir une histoire par le réveil de son personnage. Autrement, c’est très cliché ! À oublier pour vos propres bd… ?
On repart à la plage avec cette peinture de John Atkinson Grimshaw (1836-1893)
Observez le rapport 2/3 1/3 entre le ciel et la plage. La courbe donnée à la mer s’avançant sur le littoral permet d’atténuer la rigidité qu’aurait pu donner la composition.
Nous conservons le calme et la sérénité donnée par l’horizontalité. Les petites figures en retrait, spectateurs d’une plénitude reflétée par de larges fonds épurés de détails : le ciel & la plage.
Les intentions de l’image sont illustrées avec succès par ces choix de composition.
Illustrations à l’aquarelle par Patrick Block
Observez la simplicité dans l’application de la couleur et des matières suggérées. Le ciel peint en partie pour suggérer des nuages. Quelques amas de taches plus foncées pour la densité des feuilles d’arbres. Les détails de l’image n’étant pas tous dessinés, mais plutôt suggérés dans une intention de lisibilité !
Et vous, que voyez-vous d’autre sur le rendu des matières pour le chien, la décharge, l’herbe… ?
« The Unwrit Dogma » par l’artiste américain N. C. Wyeth (1882-1945)
Observez l’ambiance suspicieuse dégagée par ces personnages. Les corps détournés, les regards plissés, des bras cachés. La main tenant la coupelle est plongée dans l’ombre avec un fort contraste de luminosité avec la coupelle. Cette zone obscure est presque au centre de l’image… avec le chuchotement… dont l’accès nous est bloqué par la main mise face à nous. La lumière y traçant une diagonale franche, très agressive. Voilà une composition savamment orchestrée !
Leur connivence s’exprime aussi par l’absence de vide entre eux, Ils sont visuellement réunis d’un seul bloc autour de leurs machinations. L’échange des regards surplombant ce bloc. Même l’ombre qui serpente à gauche contribue à cette atmosphère ! Sans parler de l’ombre au-dessus de l’image, oppressante !
That’s all Folks !
Rendez-vous dans le prochain épisode avec :
Le manga One Piece, l’affiche du film Grandmaster, une peinture de William Whitaker, et bien d’autres !
Lisez les autres épisodes d’«Œil d’artiste » !
« Œil d’artiste, saison 1, épisode 1 »., « Œil d’artiste, épisode 2 », « Œil d’artiste, épisode 3 ».
1 Commentaires
Reply
Merci beaucoup, très utile pour s’améliorer en composition !